shaiming } j'ai raté les douze coups de minuit

Extraits de discussions égarés dans un calepin –
« Shaiming ? C’était une fille adorable, je ne crois pas qu’elle comptait ne serait-ce un seul ennemi dans son cercle de connaissance. C’est vrai, qui pourrait ne pas aimer cette petite boule d’amour ? Elle passait son temps à proposer son aide et à vouloir faire plaisir aux autres, à croire qu’elle ne vivait que pour ça. Shaiming, elle ne parlait jamais d’elle, elle restait là à nous écouter, nous et nos petits problèmes. Elle tentait de nous aider, de nous donner des conseils. Elle tenait vraiment à ses amis et aurait été prête à tout pour eux. Peut-être était-elle un peu trop gentille ? Sa naïveté en pousserait plus d’un à abuser de cette gentillesse mais ça, elle s’en fichait un peu après tout elle ne souhaitait que le bonheur des autres. » - Vieille amie d’école.
« Qui ça ? Ah, elle. On l’appelait le fantôme dans notre classe ! En fait, elle était là sans vraiment l’être, la pauvre personne ne la remarquait jamais. Silencieuse comme personne, même ses pas étaient inaudibles ! Shaiming, elle était gentille pourtant mais pas très intéressante, c’était pas le genre à venir rigoler et faire la fête comme les autres. Elle préférait rester dans son coin avec ses livres bizarres et ses montres. Oui, ses montres, je crois qu’elle les collectionnait ou un truc dans le genre. Pour vous dire que rien chez elle n’attire vraiment l’œil ! » - Ancien camarade de classe.
« Etrange serait le mot qui la qualifierait le mieux. Shaiming, c’est ça ? Je ne lui ai jamais vraiment parlé et je ne compte pas le faire non plus. Elle n’a pas l’air très net, de nombreuses rumeurs courent au sujet de sa santé mentale et je comprends pourquoi elles existent. Elle rôde souvent sans but précis, laissant ses pieds trainer sur le sol, elle ressemble vraiment à un fantôme ça en devient presque effrayant. Parfois elle se met à parler toute seule, on ne sait pas trop ce qu’elle dit et à vrai dire personne n’a vraiment envie de savoir. Elle a toujours son regard sombre perdu dans le vague, comme si elle n’était pas connectée dans ce monde. Je la vois passer des journées entières assise sur un banc sans bouger quand elle n’est pas dans son atelier de bricolage. Oui, elle bricole, elle ne fait pratiquement que ça. A croire qu’elle est née avec un tournevis dans les mains. On m’a dit qu’elle aimait les montres et tout ce qui touchait à l’horlogerie, ça expliquerait pourquoi elle se balade toujours avec plusieurs montres au poignet. Beaucoup se moquent d’elle mais on dirait qu’elle ne les entend pas. D’ailleurs, elle ne parle pas souvent. On ne sait pratiquement rien d’elle. Je crois juste qu’elle est folle. » - Pensionnaire.
Alors tu laissas tes doigts fins courir sur ces quelques pages arrachées et observais chacun des mots imprimés. Un éphémère sourire élargissant tes lèvres rose, tu te disais que depuis tout ce temps tu avais bien changé. Oubliant les problèmes des autres pour te concentrer uniquement sur toi, tu t’étais transformé en une parfaite égoïste ne passant qu’à ses petits soucis avant de s’intéresser aux autres. Tu t’étais mise à détester les bavardages inutiles, préférant les gestes aux paroles que tu trouvais décidément bien hypocrites et vides de sens. Tu avais alors scellé ta langue pour ne l’utiliser qu’en cas d’extrême nécessité. Jolie Shaiming, tu ne parlais que très peu mais qu’est-ce que tu pensais ! Tu ne faisais que ça, jauger les gens t’entourant, écouter distraitement leurs pas et parfois leurs anecdotes pendant que tu resserrais quelques boulons. Tu avais décidé de t’effacer, de paraitre inaperçue parmi tous ces visages pour la seule et unique raison que tu t’étais lassée. Depuis toujours, tu n’avais jamais apprécié les mystères et l’hypocrisie de l’être humain. Préférant les machines et leurs tics tacs, tu pris la décision de t’isoler dans ta tour de vis et de fils de cuivre. Alors tu devins une jeune femme distante, vue comme une folle par certains et comme une étrangeté de la nature par d’autres, tu as finis de te soucier de ces gens depuis bien longtemps. Et pourtant, personnalités fragmentaires de l’ancienne Shaiming ne cessent encore de vivre. Tu conservas ta grande curiosité ainsi que ta soif de connaissance, désirant toujours en apprendre plus sur toutes les ressources existantes. Malgré le fait que l’espèce humaine ne te dégoûtait, elle te fascinait tout autant. Passant de longues heures à observer ces gens courir en tout sens, tu avais l’impression d’assister à un ballet d’acrobaties chargé en rebondissement. Relevant à toi-même quelques notes, tu ne cessais d’en apprendre davantage sur le genre humain et ses habitudes. Aurais-tu oublié que tu en faisais aussi parti ? Petite Shaiming, tu ne vivais désormais plus que pour tes bricolages et tes montres. Ton regard vide, voguant entre ces murs et pourtant si rêveur. Désirant s’évader de cet endroit étouffant, tu n’en avais cependant jamais eu le courage, terrifiée par l’inconnu te disais-tu. Oui, tu étais une personne des plus lâches. N’aimant les épreuves, tu choisissais toujours la facilité. Serait-ce par peur de l’échec ? Sûrement. Douce Shaiming, tu avais ces nombreux tocs qui t’agaçais tant et pourtant ils faisaient une partie intégrante de toi. On te savait anxieuse lorsque tu te mettais à toucher ton coude ou que tu te mordillais la joue. Irritée quand tu ne cessais de régler tes nombreuses montres ou encore ennuyée au moment où ta main se portait à ta nuque. Si tu n’aimais pas ces manies, c’était bien pour une seule raison ; ils te transformaient en un livre ouvert aux yeux de tous.

Physique à venir~

dizaine de lignes exigées. (exemple : extraits de son passé)