L'aile des chasseurs

L'aîle des chassseurs

Lioma se dirigeait vers le repère des chasseurs, lieu où les marécages et les arbres l'entouraient de leur présence plus que macabre. Elle n'aimait pas cet endroit où régnait l'humidité. Il y avait de l'eau partout. Normal pour des marécages, vous allez dire, mais la jeune chasseuse n'aimait vraiment pas l'emplacement du Quartier Général. Elle exagérait à chaque fois.

Ses supérieurs lui avait demandé (de façon assez déplaisante) de venir immédiatement au repère afin qu'ils discutent de l'utilité de la chasseuse au sein de l'agence.

Lioma avait reçu une lettre de ses chefs, et le vocabulaire qu'ils avaient employé ne lui plaisait pas du tout. Pour qui se prenaient-t-ils au juste, pensa-t-elle. Il ne la connaissaient pas et ne voulaient pas qu'elle leur montre ses talents.

Ils avaient le don de l'énerver, mais elle se contenait à chaque fois: pour cause, ses yeux, lorsqu'elle ressentait de la colère, changeaient de couleur pour devenir rouges rubis. Elle ne voulait pas que quiconque remarque ce détail si particulier chez elle. Bien qu'elle l’appréciait plus que tout.

Enfin, après de nombreux efforts afin d'atteindre le QG -qui dit boue, dit ennui- elle aperçut le petit bâtiment camouflé qui servait de repère à tous les chasseurs. Contrairement à son emplacement, Lioma aimait cette battisse. Elle était chaleureuse et lumineuse une fois qu'on entrait à l'intérieur (enfin, SI on arrive à y entrer).

En effet, à chaque fois qu'un individu, quel qu'il soit, s'approchait d'un peu trop près du lieu, un chasseur tirait une flèche, rapide et précise, qui allait se nicher dans la tête du malheureux.

Lioma, la première fois qu'elle était venue au quartier général, avait failli périr d'une de ces flèches si l'un de ses supérieurs ne l'avait pas aidé. C'était, selon elle, le moins pénible de tous et elle lui en était très reconnaissante.

La jeune chasseuse s'arrêta à quelques mètres de la battisse et observa attentivement les lieux, cherchant n'importe quel indice sur la présence d'un (ou plusieurs) guetteur.

Ils étaient cachés dans les arbres, camouflés par les feuilles et la pénombre. Mais la chasseuse les avait repéré. Elle prépara son matériel tout en essayant d'être la plus discrète possible: elle ne voulait pas recevoir une flèche d'un allié qui n'arrivait pas à faire la différence entre ami et ennemi.

Elle enflamma la pointe de sa flèche, pris son arc, l'arma puis visa le ciel. Elle tira.

C'était sa signature. Lioma tirait en l'air pour attirer l'attention de tous les guetteurs puis, elle se levait et se dirigeait vers l'entrée du quartier général. Alors, certes cela consommait sa réserve de flèche, mais au moins, elle était sûre qu'aucune menace de mort ne planait au-dessus de sa tête une fois qu'elle sortait de sa cachette.

Elle attendit quelques instants et s'avança vers l'entrée. Aucune flèche n'a été tiré dans sa direction, mais la chasseuse restait sur ses gardes: on n'est jamais trop prudent...

Elle saisit la poignée de la lourde porte en bois massif, et poussa de toutes ses forces. Elle résista dans un premier temps, puis, dans un petit grincement sec, s'ouvrit lentement. Lioma se faufila à l'intérieur.

Elle était arrivée devant un long couloir étroit mais lumineux, sans fenêtre pour apporter un peu plus de clarté. Elle s'avança rapidement, et saisit la poignée de cette nouvelle porte (beaucoup moins imposante que la précédente). Et elle entra.

Ses supérieurs l'attendaient. Mais ils n'étaient pas seuls. Un homme de grande taille et à la carrure imposante se trouvaient avec eux. Yeux bleus et longs cheveux châtains, Lioma devina, grâce à sa barbe, que le chasseur se tenant là avait dépassé la quarantaine.

Elle se demanda pourquoi il se trouvait ici, alors que c'était elle que les chefs avaient appelés. La jeune chasseuse regarda l'homme sans vraiment comprendre ce qu'il faisait là, et s'avança face à ses supérieurs.

" Vous m'avez fait demandé, chef? " commença t-elle à dire en continuant de regarder le (vieil) homme.

" En effet, " répondit l'un des plus petits hommes. " Lioma, je vous présente votre nouveau mentor. "

La jeune chasseuse regarda son chef sans comprendre. Mon nouveau mentor, se répéta t-elle dans sa tête.

Elle regarda l'homme concerné, et remarqua que visiblement, lui non plus n'était pas au courant du petit projet mit en place par les supérieurs.

L'aîle des chassseurs

" Je travaille seul, cet enfant ne ferait que me gêner dans mon travail "

Ce furent les premières paroles que Lioma entendit sortir de la bouche de l'inconnu. Avait-elle bien comprise? Avait-il employé le mot... " enfant "? Dès l'instant où elle l'avait entendu le prononcé, elle ne l'apprécia pas, mais alors pas du tout.

L'homme dégageait une aura froide et solitaire qui ne donnait pas l'envie aux autres de s'approcher. Elle ignorait ce qui c'était produit dans le passé de son nouveau mentor pour le rendre aussi... isolé? Mais elle ne prit pas le temps de réfléchir là-dessus, puisque les 3 hommes qui avaient fait appelé la jeune chasseuse était en train de convaincre le quadragénaire du salue que leur apporterait cet entrainement. (Enfin, pour Lioma, jeune chasseuse inexpérimentée...).

Elle soupira intérieurement, elle ne voulait pas paraitre aussi inutile qu'ils semblaient l'admettre devant cet homme qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Elle détesta ce sentiment: un sentiment de faiblesse, d'impuissance. En bref, elle ressentait une impression d'infériorité, et elle haïssait ça.

Enfin, une voix calme mais puissante vint ébranler ses pensées.

" Je vais te faire visiter, ne me perds pas de vue. "

Son nouveau mentor la regardait avec des yeux perçants, qui ne laissait la place à la désobéissance. Elle le suivit, avec beaucoup de mal: en effet, étant de grande taille, l'homme avançait plus facilement et plus rapidement que la jeune fille (qui rappelons le est de taille moyenne ce qui n'est pas vraiment à l'avantage de notre chasseuse).

Elle s'efforçait de le suivre dans ce dédale de salle, toutes plus immenses les unes des autres. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait au QG, mais il est vrai qu'elle ne s'était jamais vraiment attardée sur les détails: un entreposage d'armes, des trophées exposés... etc. Tous les objets qui rendaient cette battisse habitable. Mais pas par n'importe quels individus: les chasseurs.

Lioma, en regardant tous ces éléments, devint fière d'appartenir à cette catégorie d'individu, bien qu'elle avait encore beaucoup de chemin à faire avant d'arriver à la cheville de son mentor (qui devait avoir beaucoup d'expérience). Elle était encore plus déterminée à progresser en compagnie de cet homme, certes froid, mais compétent.

Enfin, ils arrivèrent dans un large couloir, dont la moquette absorbait le moindre bruit de pas. Elle s’arrêta soudain, absorbée par un tableau en liège recouvert par de nombreuses affiches. Toutes les nouvelles races que le scientifique Aloïs Lipschitz à créé et qui ont vu le jours se trouvaient là. Toutes sans exception: que ce soit vampire ou hybride, elles étaient toutes retracées sur ces feuilles un peu jaunies par le temps.

Une seule phrase vint attirée le regard de la chasseuse, seule et profonde: Tout ce qui est néfaste pour nous, l'est pour le monde.. Elle frissonna et fut une fois de plus interrompue par son mentor qui la regardait droit dans les yeux, imperturbable.

" Si le QG est un organisme vivant, ce panneau en est le cœur. C'est ici qu'est recensé tout ce qui est nuisible pour le bon fonctionnement du monde, il est de notre devoir de nous en débarrasser pour trouver une nouvelle aube "

Lioma, après avoir entendue cette phrase, ressentit la détermination de cet homme qui, maintenant lui servait de mentor. Elle le trouvait très impressionnant et avait une envie folle de progresser à ses côtés, même s'il ne voulait pas d'elle près de lui.

Enfin, elle osa poser sa toute première question. Elle ne le lui avait pas demandé, il ne lui en avait pas laissé le temps.

" Puis-je... connaitre votre nom...mentor? "