Un message pour Lioma?

C'est avec plaisir que j'ai lu ta petite missive qui me va droit au cœur. Et pourtant plusieurs choses me chiffonnent dans ce petit mot. A commencer par le fait que tu penses que je t'apprécie.

Non pas que je déteste, rassure-toi, mais le terme "apprécier" ne me convient guère. N'as-tu jamais vu comment un félin traque sa proie pour en faire son dîner ? Dirais-tu, toi, chasseuse, qu'il surveille son repas parce qu'il l'apprécie ? A part pour le goût de sa chaire, je doute que tu vois n'importe quel prédateur chasser ses victimes de la sorte. Pour en revenir à notre relation, je dirai que je suis le prédateur, et que tu es la traquée. La seule chose que j'apprécie, c'est le fait de te voir t'impatienter au sujet de ta dette.

Pour ce qui est de se revoir, cette rencontre arrivera bien assez tôt, crois-moi.

Ensuite, au sujet de ta dette envers moi, tu t'entendais donc à ce que je te révèle ce que j'attendais de toi ? Ne sois pas si stupide ! Tu crois réellement que je suis quelqu'un de facile ? Moi seul décidera de quand je t'annoncerai la nouvelle, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Alors ne te fais pas d'illusion, je ne te laisserai aucun indice, enfin, peut-être... J'ai bien conscience que ta patience a des limites, mais tu devras faire avec, que tu le veuilles, ou non.

Si tu veux râler, à ta guise, je serai ravi de lire d'autres de tes billets doux.
Avec mes sentiments (presque) distingués,

Andrew Baskerville

Alors comme ça, je suis un chat ? Sache qu'un chat est un animal farouche qui se montre docile seulement quand l'envie lui prend, non pas une boule de poils fainéante qui passe ses journées à manger, dormir et faire sa toilette comme tu dois sûrement le penser. Et puisque tu me vois ainsi, je te laisserai goûter à mes griffes et mes crocs si tu y tiens tant.

Un jour, tu me surprendras ? "Un jour" ? Ce jour est-il seulement envisageable ? N'oublie pas que face à moi, tu ne vaux guère mieux qu'un vulgaire insecte. Un autre chasseur digne de ce nom aurait pu avoir ma considération, mais toi ? Tu rêves un peu trop, selon moi. N'oublie pas qui est le chasseur, et qui est la chassée ; qui est l'endettée.

Ne t'a-t-on jamais appris à ne pas réclamer ? C'est impoli. Pour la peine, tu ne sauras rien, et je prendrai la liberté de ne plus répondre à tes messages d'ici-là, gamine. Libre à toi de m'en envoyer tant que tu le désires, mais n'espère pas avoir de mes nouvelles avant le moment fatidique.

Râle, râle, tant que tu le peux car bientôt, tu ne seras plus en mesure de le faire. Je t'encourage donc vivement à être sur tes gardes dans les prochains jours, on ne sait jamais...

A bientôt, peut-être,

Andrew Baskerville