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 My life is a party - Karamel

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AuteurMessage

Karamel Iwkyod


Karamel Iwkyod



Présages :
30

Race  :
Hybride Guépard

Métier  :
Etudiante - Serveuse

Nationalité  :
Americo-Russe

Inventaire  :
Briquet, clope, pilules.

Réputation  :
0 points.

Interne depuis le  :
11/11/2015


My life is a party - Karamel Empty
MessageSujet: My life is a party - Karamel   My life is a party - Karamel Icon_minitimeLun 21 Déc 2015 - 22:50


I wanna run away
4 Février 1928 ✧
Madame Korkova était en train d'accoucher dans l'hôpital de Russie. Tout était calme, les infirmières s'affairaient autour d'elle et son mari se tordait les doigts d'impatience dans le Hall d'attente. Tout paraissait donc normal, alors que rien ne l'était réellement. Andrei Korkof et sa femme étaient des personnes de classe moyenne, ayant peu d'argent pour subsister et ne sachant s'ils allaient pouvoir passer l'hiver. Une bouche à nourrir en plus, c'était impossible pour eux, et ils le savaient. Plusieurs fois Andrei avait espéré que sa femme change d'avis, qu'elle veuille garder l'enfant, mais elle était très claire sur ce point : si elle ne perdait pas le bébé avant la naissance, ils devraient l'abandonner. Les Korkof avaient déjà deux enfants, des garçons, jumeaux, qui avaient treize ans, et ils ne pouvaient pas s'encombrer avec un bébé. Les hivers en Russie étaient particulièrement froid, et ils étaient même persuadés que leurs fils ne tiendraient pas car l'un d'eux était tombé malade.

On annonça à Andrei que c'était une fille. L'homme chancela, et du se tenir un instant au mur pour reprendre ses esprits. Il allait devoir livrer à la mort un enfant, sa fille, la chair de sa chair. Lui qui avait toujours rêvé avoir une fille à dorloter, à qui il cèderait tous ses caprices, et maintenant il allait devoir l'abandonner. Son coeur n'y était pas et au début il refusa de la voir, pensant que cela le ferait moins souffrir s'il ne s'attachait pas à elle. Mais lorsqu'il se décida à entrer, il ne vit pas sa femme, fatiguée et en sueur à cause de son accouchement difficile, il ne vit que sa fille. Elle était splendide : un fin duvet blond recouvrait son petit crâne, elle n'était ni trop grosse ni trop maigre, ses yeux étaient grands ouverts et regardaient tout autour d'eux comme s'ils cherchaient à s'accrocher à quelque chose. Il croisa un instant son regard, elle paraissait si vivante...  Il s'assit auprès de sa femme et la regarda amoureusement. Alia avait toujours été d'une beauté exceptionnelle, malgré la misère marquée par la maigreur de ses traits. Cependant elle avait un coeur de pierre et n'hésiterait pas, contrairement à son mari, à se débarasser de tout poids qui pourrait l'empêcher de vivre. Elle avait cet instinct de survie animal, primitif, qui effrayait souvent Andrei, si bien qu'il lui était arrivé d'avoir peur pour la vie de ses fils, ou pire encore, pour la sienne. Il caressa tout de même le front de la femme qu'il aimait passionément et lui dit alors :

"Ma chérie, il lui faut un nom." Elle le regarda de ses yeux marrons, un regard si transperçant qu'une personne inhabituée serait chamboulée par tant de haine, et son silence signifiait : "pourquoi lui donner un prénom ? Elle sera morte d'ici peu". Andrei reporta son attention sur le petit paquet humain, enveloppé dans des couvertures, qui était allongé dans une couveuse à côté de lui et lui murmura : "Je vais tappeler Karamel". Et il cru voir sa fille sourire.

En sortant de l'hôpital, il tenait son enfant dans ses bras, ne pouvant se résigner à la quitter du regard, elle représentait tout ce qu'Andrei avait toujours voulu. A côté de lui, Alia marchait, silencieuse, luttant contre le vent froid qui lui mordait le visage.  Elle était déterminée. Sa fille ne pouvait pas rester. C'était elle ou les jumeaux, et le choix était vite fait, cette enfant frêle et sans avenir ou bien deux jeunes garçons qui pourraient devenir des hommes vigoureux et lui rapporter assez d'argent pour un jour avoir une vie meilleure. La mère décida donc qu'elle déposerait l'enfant lorsqu'il aurait un peu grandi, devant l'orphelinat, dans la neige, qu'elle meurt ou qu'on la trouve, cela lui était bien égal, tant qu'elle s'en débarassait. Le seul souci restait son mari, qui semblait déjà attaché à l'enfant. Et cette nuit là, Alia sentit qu'elle livrerait ce combat seule et qu'elle ne pourrait compter sur son mari pour l'épauler, voire qu'il lui mettrait des bâtons dans les roues pour la dissuader de laisser ce pauvre petit être sans défense, en proie au froid. Elle décida de ne plus parler d'abandon pour le moment, et qu'elle laisserait à Andrei l'impression qu'ils garderaient l'enfant, pour que cela se passe sans histoires.

Environ un mois plus tard, Andrei était heureux. Il pensait que sa femme s'était résignée, qu'elle aimait l'enfant et qu'ils pourraient continuer à être une famille. Son fils s'était presque rétabli de sa maladie, et bien qu'il ne gagnait toujours pas beaucoup d'argent, Andrei travaillait plus pour pouvoir acheter de la nourriture à son nourrisson. Karamel était devenue son unique raison de vivre, la raison pour laquelle il se levait le matin, son rayon de soleil pendant la journée lorsqu'il pensait à elle, et cela lui faisait chaud au coeur de la voir le soir. Mais lorsqu'il rentra ce soir là, et qu'il se précipita vers la cheminée, là où était toujours Karamel, il ne vit ni le berceau, ni l'enfant. Son coeur manqua un battement et il se tourna vers sa femme qui tricotait un pullover, assise dans son vieux fauteuil devant l'âtre, comme à son habitude. Il la regarda droit dans les yeux et lui demanda où était sa fille. "Elle est morte." Répondit elle tout simplement, d'une voix monotone. Le coeur d'Andrei se brisa, et il fondit en larme. Elle ne pouvait pas être morte, elle allait bien la veille, le matin même sa respiration était régulière. Certes elle était maigre car ils avaient peu de nourriture, mais elle semblait en bonne santé, qu'était il arrivé ? Alia l'avait elle tuée ? L'avait elle abandonnée comme ils avaient prévu de le faire à la base ? Il regarda sa femme et lui répondit : "Où est son corps Alia ?" et voyant que sa femme ne répondait pas il reprit en criant "Où est il ? Où est le corps de ma fille ? Qu'as tu fait espèce de folle ? Tu as tué notre enfant ?!" Il hurlait à présent, on aurait dit un fou dans un asile, il renversa la table, il attrapa sa femme par le bras et la secouait de toutes ses forces en répétant les mêmes mots en boucle, de grosses larmes coulant sur ses joues, le prénom de sa fille dans chacune de ses phrases. Andrei tremblait et il était tellement perdu que même Alia en fut chamboulée. Elle n'avait jamais vu son mari comme cela, et cela lui faisait du mal de le voir tant peiné et triste. Il était l'image même du désespoir. Mais Alia ne pouvait pas lui dire qu'elle l'avait emmené dans cet orphelinat, qu'elle l'avait fait pour le bien de la famille, que sans cela elle serait probablement morte, qu'Alexis serait retombé malade et qu'ils seraient tous morts avant la fin de l'hiver...

Andrei ne pardonna jamais à Alia. Pour lui, elle avait tué sa fille, son unique raison d'être. Il tenta de se suicider dans son usine et fut sauvé de justesse par un de ses camarades d'usine qui le ramena à la raison. Mais Andrei n'était plus que l'ombre de lui-même. Il ne partageait plus la couche de sa femme, il dormait soit dans leur fauteuil soit allongé près de ses fils, et Karamel hantait ses rêves. Il la voyait grandir, s'épanouir, avoir une belle vie, et Andrei passait la plupart de son temps a essayé de dormir, pour rêver d'elle. Et pour trouver d'autres moments d'inconscience, d'autres moments avec elle, il se mit à boire, et lorsqu'il délirait, il criait son nom à pleins poumons, et il était heureux, car il voyait sa fille chérie, sa fille adorée, la prunelle de ses yeux et l'essence de son être... qu'il avait perdu à tout jamais...
© Starseed
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